Au fil de ma vie… I



FLEURS DE VERITÉ

Fleurs d’ombres, 
fleurs de sang, 
fleurs de soleil, 
fleurs de ciel, 

ciel de sang, 
ombre de soleil, 
désir d’un soleil, 
désir d’un ciel, 

sur nous, 
pour nous cacher
dans ces fleurs 
de sang, 
de soleil et de ciel, 

pour nous aimer
et vivre enfin
près du ciel, 
loin des hommes 
et de leurs mensonges, 

et nous aimer à en avoir mal, 
d’un vertige brûlant
de soleil et d’ombre, 
pleins de désespérance
de douloureuse tendresse, 

et loin de ce qu’ils appellent Bonheur, 

trouver enfin... la Vérité !
FONTAINEBLEAU

Des arbres noirs dressés
dans un doux crépuscule
grignotaient le ciel lourd, 
leurs branches nous semblaient
des bras tendus vers nous. 

Les couleurs des nuages, 
presque au seuil de leur mort, 
semblaient nous adresser
comme une humble supplique :
«  encore un peu de ciel, 
encore un peu de vie, 
encore un peu d’amour !  »

Mais la nuit impassible
absorbait l’horizon, 
glissant tout doucement
dans le chemin sableux, 
sur la mousse mouillée, 
sur les pierres, les racines, 
les herbes folles, les joncs, 

caressant de son ombre
nos rythmes accordés :

Et nous ne pouvions plus
endiguer l’Infini...
INTIMITÉ

Ta bouche frémit
au coin de mes mots, 
mes lèvres palpitent
en un doux soupir, 
nos souffles se cherchent... 

Mes yeux frôlent ton front, 
ma joue tinte à ta joie

Alors tu bois mes mots, 
tu accueilles mes lèvres, 

et nous ne savons plus
si nous parlons
ou si nous nous embrassons :

nos soupirs sont si doux, 
nos souffles sont si proches, 
nos visages se cherchent... 

Nos âmes sont enfouies
en l’autre
à jamais !
DÉSIR

Mon ventre est béant
de ton absence, 
plaie d’où s’émiettent mes songes, 
gouffre tout palpitant, 
niche où s’éclot la vie, 
où s’invente le ciel... 

Tendu vers cette «  fin  » de toi, 
vers ton prolongement, 
vers cette arme si dure
si lourde et si agile :

mon ventre t’appelle

et je ne suis qu’un Cri
vers Toi, 
si loin !
MUIDES SUR LOIRE

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Ces sillons laissés dans son sable
par la capricieuse Loire, 
ces herbes folles, 
ces graminées «  brouillon  », 
si sauvages et si pures, qu’on dirait si fragiles... 

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Notre marche légère, insouciante et tendre
jusqu’au bord, sans «  savoir  », 
pour ce petit baptême :
tu plonges tes mains
dans l’eau si douce et amicale, 
et la recueilles au coquillage de tes doigts, 
m’en caressant les joues
tandis qu’avec avidité
je t’en vole un peu pour mes paumes... 

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Notre marche enivrée dans ce sable vibrant, 
sur ces cailloux hostiles à tes pieds dénudés :
tu te croches à ma main, 
je suis toute bottée et tu es presque nu :
tu es grand, tu es beau, 
dans ce ciel apaisé, sur ce sable craintif.... 

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Ce baiser tout jeune, nos corps adolescents
collés à cette terre, coulés à notre Loire :
tu me dis que mes jambes 
ont la couleur du sable, 
tes yeux se noient aux miens 
et le ciel s’y reflète, 
et mon cri tout à coup déchire le silence !

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Fascinés par deux alouettes
stridant le ciel d’un chant 
qui épouse la palpitation de leurs ailes, 
surpris qu’il subsiste aussi fort, 
aussi gai dans leur chute :
repliées sur elles-mêmes, comme mortes, 
si pesantes, 
tout à coup... 
Séduits par une mouette 
calme, douce et têtue
dans sa recherche d’un probable butin, 
qui emplit la voûte blanche de notre horizon
de son vol majestueusement délicat :

Souviens-toi, mon amour, souviens-toi !
Nous marchons, 
ta main conduit la mienne, 
nous sommes éblouis 
de Paix !

TOI 

Toi, dans un soupir, 
toi, très loin, 
toi dans ma pensée

Toi, 
tout à coup vivant
et chaud
contre moi, 

si seul, 
éperdu de l’Absence
et presque à la dérive... 

Et moi, 
crucifiée, transpercée, 
jaillie enfin
de moi :

«  Toi  » !

dans un cri... 

TA VOIX

Ta voix glisse sur ma peau, 
ta voix filtre sous ma chair, 
bien au-delà des mots, 

ces mots
qui coulent infiniment, 
ces mots qui caressent, 
ces mots que j’aime
ces mots qui pénètrent
et qui s’enroulent en moi, 
très loin, 

si loin

qu’ils restent là, 
tout simplement, quand tu t’en vas, 

que leur douceur, 
que leur chaleur
m’irriguent et m’enveloppent, 

même si tout s’est tu, 
même si tu n’es plus là, 
même si plus jamais
tu ne les rediras... 

COMMUNION

Tes yeux sont si doux, 
ta bouche est si tendre

Un murmure entre nous
dans un souffle se glisse, 

oser dire 
«  je t’aime  » ?

Oser dire bien plus :
mon Amour et mon sang, 
ma lumière et ma vie !

NAVIRE DE NOTRE AMOUR

Ton parfum sur ma peau, 
les vagues de tes doigts, 
les crêtes de ton corps
déferlent dans ma vie, 
m’engloutissant toujours !

Cloué en moi, jailli en moi, 
tu es mon horizon, 
mon soleil, ma tempête !

Attachés au même mât, 
bravant les foudres de la vie, 
figures de proue de l’amour, 

nous sommes «  Nous  », 
toujours, 
éblouissamment !

SUPPLIQUE AU BONHEUR

Brouillard d’automne, 
Soupirs de lumière, 
Songes de l’été, 
Rires d’enfants, 

Le soleil et la vie
tout à coup révélés :

un amour infini
éclaté, explosé, 
et qui ose le dire... 

Pleurs de joie, 
existez-vous vraiment ?

Une fois... 
une seule fois !

MON AMOUR A JAMAIS

Caresses ineffables, 

ton sourire dans mes yeux
et ta voix dans mon coeur, 
ta main sur mon visage :

tendresse enfin trouvée !

Si fort et si calme, 
tu es là, tout près, 

tu es là, toujours

si solide
et si pur, 

mon Amour
à jamais !

LES FOLIES DU CORPS

Ta main glisse à ma peau, 
vapeurs, frissons et trouble, 

ton épaule attendrie
se livre à mes doigts fous
qui vont chercher ta vie :

Ombre délicate, 
montagne de l’Homme... 

Eventrée, absorbée, 
engloutie et clouée, 
ton dos, tes reins
puissants, 
tes jambes coulées aux miennes, 

imperturbablement, 
tu «  frappes  »et tu attaques
et je crie grâce !

Noces terribles, 
noces fantasques
où nous nous éprouvons
et où nous nous perdons
en rythmes inconnus, 
en odeurs troublantes
si sauvages :

folie du fond du corps, 
éternité du «  Nous  » ?

MUIDES AU CREPUSCULE D’ÉTÉ

Le temps s’est arrêté 
sur la Loire un instant, 
et nous ne sommes plus
qu’un regard
englouti de lueurs violettes, 
d’ombres noires et légères, 
de doux friselis
qui caressent nos yeux, 
notre peau et nos lèvres... 

«  Muides  » si tendre, 
nous t’avons connue pourtant
si sauvage 
et si froide !

«  Muides  » si douce, 
au crépuscule d’été, 
dans la lumière éblouie 
des flaques de ton sable
insolent et secret, 

Image de l’amour, 
goutte d’éternité, 
ton nom :
«  Muides  » !

RÊVE ET RÉALITE

Ton parfum s’est enfui
et tes mains et ta voix, 

ton corps poursuit mes songes
et je n’existe plus !

Les yeux, la peau, les bras
désormais inutiles
et mon ventre, 
et nos cris, 
pour jamais disparus !

Mais un seul souvenir, 
qui contient tous les autres :
notre «  première fois  »
dans ces rochers complices
où la mer amicale
avait bu à nos sources... 

Je flotte sur moi-même
en un rêve éveillé, 
comme une fumée pâle
un jardin ébloui 
au matin qui frissonne

Je n’ose ouvrir les yeux
ton visage me frôle 
imperceptiblement, 

Demain tu seras là, 
demain, 
c’est maintenant !

LA FORÊT AU PRINTEMPS

Je t’ai dit «  viens !  », 
j’ai pris ta main, 
donné mon corps et mon cri
dans ces arbres si neufs, 
sur la mousse si douce, 
dans le vent qui chantait
et qui me caressait, 

longues, fines volutes
à mon dos frissonnant :

«  nos arbres  »
frémissaient d’amour, 
si loin par leurs troncs, 
mais si près, tout là-haut, 
l’un de l’autre... 

leurs caresses, les nôtres
se fondent
et sont les mêmes !

Un seul de nos regards, 
un seul baiser du vent, 
un seul de nos soupirs
un seul frémissement :

leurs branches amoureuses, 
pour une éternité, 
sont un miroir
de Nous !

MONTAGNES... 

Baisers de nos soleils, 
montagnes de nos joies, 
nuages des soupirs, 
caresses à tous vents, 
flots lumineux de neige :

cliquète le silence
en un lointain verglas, 
s’assourdissent les cloches
et vrombissent les pierres !

Ton sourire dans la brume, 
la neige de ton corps, 
et les pierres et les monts
et nos coeurs éclatés... 

Tout se tait, 
m’entends-tu ?

Et la neige me brûle
et les monts cataractent, 
les nuages me saoûlent
et la glace me brise :

inaccessible et pur, 
tu souris dans mes rêves, 

à jamais
je t’attends !

L’ABSOLU RETROUVÉ

Les chimères de nos nuits
agrippent
les parcelles de mon corps
à la crête
des plis de mes draps 
humides et tristes

La pluie tombe, 
indifférente
à la forêt du coeur
soulevé de brume, 
en son renouveau flamboyant

Limite de ma vie, 
frontière de ton souffle, 

mon corps déchiqueté, 
reconstruit
au soleil de l’amour retrouvé :

tu es là
pour toujours

et mon cri
t’accompagne...
TON ABSENCE

Ton absence est un gouffre
et je m’y engloutis
jusqu’à ton horizon, 
jusqu’à son infini :

eaux troubles, 
fleurs de nuit
où je m’angoisse en vain !

Car tu reviens :
alors, je sors de mon chagrin, 
je sors de ton oubli, 

jusque dans ton soleil, 
jusque dans ton amour, 

presque morte, 
sans toi, 
de toi, 

déjà !

PRINTEMPS

Douce lumière à travers bois, 
caresse si légère
du vent
et soleil sur la peau

Allongée sur un nid de mousse, 
je te «  reçois  »
et tu te coules au long de mon corps, 
tout au plus profond... 

Ton visage est si proche, 
tes épaules si belles
qu’on les dirait sculptées
en un marbre irréel, 

tes yeux soudain me cherchent, 
ton sourire est d’un autre monde :

le vent s’est apaisé, 
le soleil est si doux
et la forêt si calme... 

Nos soupirs et nos cris
éclatent du silence, 

«  Ensemble  », 
toujours et toujours !

FUGITIVEMENT

Ce soir, la vie éclot :
une aile de soie noire
se pose sur mes yeux, 

un frisson, de mon front, 
descend jusqu’à mon cou... 

et je retiens mon souffle !

Heureuse qu’il soit là, 
tremblant qu’il s’évanouisse, 
en un Rêve 
où la vie est plus vraie 
que ta main... 

Car la vie continue
et ta main s’en ira
un jour !

LE TEMPS IMMOLÉ 

Des éclats de lumière
caressent 
doucement
les feuilles du matin

Le soleil s’accroche
à l’écorce
attentive et sereine :

La terre a bu
le temps immolé