EN FORÊT
Souffles de mon silence
vertiges de mes pas
mes arbres,
mes amis :
O vous, forces inertes,
vibrations aveugles !...
Je marche inconsciemment
et je vogue à l’amour
je respire ma vie
là, dans mes souvenirs,
là où nos pas mêlés
m’emmenaient jusqu’à « Nous » :
le vrai de notre lien,
le chaud de notre amour
en marche
vers sa vie...
DÉCEMBRE...
Brûle la neige
brillent mes yeux
siffle le vent
bleuit le ciel !
Filent les jours,
s’envolent les semaines,
glisse mon coeur
sur ces pentes si folles,
vers l’horizon si pur :
Ainsi va mon amour
ainsi finit le jour
beau
et nu !
CHANSON TRISTE
Mon amour me fait mal
au creux de ton mirage,
mon amour se meurtrit
de trop de solitude :
mon amour ne sait plus,,
mon amour me fait mal !
Alors, je pense à toi,
à toi si loin, toujours :
tu n’es plus qu’une image
incertaine et jaunie
lorsque je te regarde
au fond de mon miroir
et que j’y vois ma vie
détruite et inutile...
mon amour ne sait plus,
mon amour me fait mal !
MES LARMES
Je voudrais te donner
mes larmes,
images
de « ma vie sans toi »
Je connais
le goût de mes larmes
sur ton visage recueillies
et sur tes mains,
Je ne peux
retenir mes larmes
quand tu es loin
Et je t’aime
à travers ces larmes,
toujours, toujours,
ces larmes...
« sans toi » !
AU CAP GRIS - NEZ
Dunes de mon espoir
les oyas sont si doux
et mes pas les transpercent
en caressant le vent...
Buissons de mes angoisses
épines de ma vie
chardons tout agrippés
au flanc de cette terre
où ma vie s’est perdue...
Alors, j’entends la mer,
sourde, désespérée,
et la corne de brume
exhale ma tristesse...
Je reste là, debout,
le coeur désagrégé
et j’attends...
l’Impossible !
NUIT D’ATTENTE
J’écoute tous les bruits,
j’écoute
mon silence
et les ombres
Je suis vidée du jour,
usée par sa lumière,
Je t’attends
dans ma nuit,
J’efface tous mes songes
et je suspends ma vie
Et j’appelle au secours
ma pensée
mon espoir
et ton nom
Mais je t’appelle en vain,
une fois,
mille fois,
Toi, mon rêve
évanoui !
J’AI OUBLIÉ...
J’ai oublié ton goût,
le goût de tes baisers
et le goût de ta peau,
oublié ton odeur,
l’odeur de tes cheveux
et l’odeur de ta peau,
oublié ta tendresse,
oublié ta folie,
oublié cet étau
dont je suis prisonnière
oublié nos mystères,
oublié notre vie,
oublié l’ineffable
et le cent fois redit...
Laisse-moi retrouver
notre tendre folie,
ma prison familière
et ton corps et ta peau,
l’odeur de tes cheveux,
le goût de tes baisers :
redonne-moi l’Amour,
redonne-moi
la Vie !
CLAIRIÈRE DU SOUVENIR
Ciel de mon amour,
buissons de mon amour,
je vous dédie mes larmes.
Couchée au pied d’un arbre
où l’Infini subsiste
en souvenir diffus,
marchant dans les ornières
où s’enfonce mon âme,
terre humide, fleurs sauvages,
herbes drues, ciel d’hiver...
C’était l’amour, un soir,
là tout près du chemin
où je poursuis ton ombre
C’est ton corps si présent
douloureux désormais
à ma peau solitaire,
à mes bras inutiles
C’est notre souvenir,
mon amour si présent,
mon amour trop lointain !
RÉVEIL
Je me secoue de la nuit,
je m’ébouriffe de l’Obscur,
et tu es là, présent,
à me torturer,
délicieusement,
à m’aimer...
Les bras trop courts, tout à coup,
pour étreindre,
les lèvres impuissantes à saisir,
le corps presque inerte,
Je me jette vers toi
mais n’atteins que le vide,
je me livre à tes doigts,
ils me sont refusés,
je m’enroule à ton corps
et ne sens que le mien !
Réveil de fin du monde,
vision de fin de vie...
SOLITUDE AU SOUS - BOIS
Seule
j’ai marché
dans le clapotis silencieux
des feuilles molles,
inertes sous mes pas vibrants,
Seule
j’ai cueilli une branche presque morte :
rousses feuilles flétries
mais aussi cette tige
aussitôt découverte...
Une liane s’y enroulait étroitement
laissant échapper
de tout fins, tout attendrissants
bourgeons...
Cette tige était « Nous »,
rejaillis de nos cendres
et de nos désespoirs,
tendus vers le printemps de nos vies.
Seule
j’ai écouté de loin
le hurlement des troncs
désignés par les hommes
et les pleurs de leurs veines
immolées,
vidées de leur sang !
J’ai accouru vers eux :
quelques-uns, couchés là,
dans le chemin sauvage,
laissaient échapper de leur flanc
comme une goutte
de ce précieux liquide,
comme une marque rouge,
comme une éclaboussure.
Mais comme un doux murmure
infiltré dans mon coeur,
le chant de nos oiseaux
apaisait ma tristesse,
le vent calmait ma peine
en caressant les branches...
Seule
dans ce brouillard d’arbres,
j’aurais voulu mourir
pour avoir trop aimé !
JE SUIS UN COQUILLAGE VIDE
Je suis un coquillage vide
et l’on entend la mer
à travers mes angoisses
Je suis une source tarie
et l’on pourrait y voir
tous les cailloux séchés
de mes désespérances
Je passe, au long des jours
et le temps s’irradie :
goutte à goutte,
nuage rêvé,
pourpre flétrie,
la Vie s’enfuit de moi !
ICH BIN EINE LEERE MUSCHEL
Ich bin eine leere Muschel
und man hört das Meer rauschen
durch meine Angst hindurch
Ich bin ein versiegter Quell
und man sieht
all die trockenen Steine
meiner Hoffnungslosigkeit
Ich gehe durch die langen Tage
und die Zeit schleicht dahin...
Tropfen um Tropfen,
erträumte Wolke
dein Purpuur zerreisst
mein Leben entflieht !