La lumière a surpris la nuit
L’eau noire est transparente
On s’y plonge le souffle :
Le cœur et les larmes sont là !
Ce n’était qu’un instant
C’est fini
C’est…
La vie !
Face au miroir
Les yeux nus,
J’observe
Les dégâts du temps
Là où les mots ne peuvent rien
Des vrilles, des trous, des cascades de pleurs,
L’absurdité du vide
Sourire toujours
Sourire quand même
Sourire
En étouffant !
Ma vie est un vertige
Et j’en connais le prix !
La mer a perdu son silence
Et s’est fracassée sur ma vie
Nos vies sont des labyrinthes
Et nous n’en savons pas
L’issue !
Les mots sont tout petits
Et le rêve illusoire
Et pourtant chaque fois,
Je les lance au plus haut :
Petites larmes jugulées,
Petits morceaux de moi,
Petits soleils,
Petites bulles de ma vie…
Qui s’envolent vers toi !
Les mots sont inutiles,
imprécis, impuissants
Laissons flotter la lumière !
Plumes de mon silence
Et soupirs de la nuit
L’ombre est douce
Et le chemin s’écarte
Pour nous laisser passer
Frénésie des mots
Qu’on sait pourtant si dérisoires
Et mon cœur cliquette
Évidemment, éperdument :
Il fallait, il faudra, il faut
Que je sois « là » !
Ce qui me reste à vivre ?
Cinq ou six beaux bouquets,
Allez, peut être, huit ou dix, ou même douze
Dont le blanc des spirées, virginal, éclatant,
Et le noir des tulipes
Insolent et profond
Caressent la lumière en ignorant mon souffle…