Au fil de ma vie… VII



Griffures entrevues
à travers le miroir
délicieux symbole
abandon d’un instant
si violent et si tendre

Ma nuque est un mystère
et tes mains un miracle
Ne pas frôler
ne pas toucher
ne pas étreindre

Mon attente est sereine
et ma confiance émue

Précieuse fragilité 
face à l’Autre
A travers les silences
à travers les regards
le désir est là
secret
irrésistible
impératif et violent

Il prend pourtant son temps
il sait quand vient son heure

Nous sommes suspendus
à ses assauts futurs
Je suis bien
là
sous toi

Je m’entends murmurer
heureuse et étonnée
j’ai seize ans
dix huit ans

Première fois réinventée
violente et douce vague 
en mon corps retrouvé

Tu me donnes mes larmes
tu enfantes ma vie
Evidence et tendresse 
au creux de notre lit
je jaillis sous tes doigts 
submergée de désir
alors tu viens en moi 
les yeux abandonnés
ton visage est si tendre
il est d’un autre monde

J’ai peur, un peu, 
de ce sexe si fier 
si beau si insolent 

Oser intervenir

Dressé comme un mât sur la barque
de mon ventre offert
corolle de ma main 
tu acceptes ce rythme
si lent presque impossible

J’ai mal un peu
la confiance l’emporte
et le plaisir triomphe 
au plus profond de moi
Ton sourire est si doux
ton regard est si pur

Homme centaure
homme foudroyant
tu es dressé en moi

Et nos cris clouent l’espace
Ma bouche se souvient
ton sexe était si beau 
si lisse et si dressé

Sculpture de la vie 
offrande de la nuit

Te boire doucement
puis trouver ton épaule
La lumière est sereine
et l’automne alangui
les feuilles sont fragiles
et le soleil timide
offre le chaud du corps
permet le chaud de l’âme

Pensées-effluves
désir diffus

Une cloche au loin sonne
ton absence est présence
Le soir est calme
et je t’attends
doucement
tendrement

Tu seras là demain
et je suis en partance
Brouillard doux de tes yeux 
et brouillard de mon âme
brouillard de ton absence
brouillard doux de mon corps 
encore ensommeillé

Le jour se lève
il fait gris

Je t’attends
Le soleil est tranquille
et la nature heureuse

Brouillard du cœur
au-delà du désir 
sourde douleur
si douce à vivre
Tu entres dans ma vie
ou plutôt mon histoire
question après question
tendre et sans jugement
et je me sens limpide
La baignoire un écrin
l’eau velours transparent
pour accueillir ton sexe
libre et seul
sans attente

Et je peux l’admirer
et mon désir est pur
Tendrement tu chevauches
et mon corps et mon cœur
et la nuit se fait douce
au creux de ce mirage
Le feu du bois
la lumière des âmes
le bonheur de l’instant
la communion des cœurs
et le désir des corps

Jugulé transcendé
le temps n’existe pas

La vie 
s’impose
Dans mon regard soudain trop intense
tu lis tout : l’attente et le désarroi

Doucement tendrement
tu me fermes les yeux
comme ceux d’un mourant
Larmes de désespoir
et larmes de l’absurde

Je suis là sans défense
et je t’aime et je crie

Cela ne sert à rien
Impuissance et stérilité, 
l’enfant possible de nos vies 
est mort
Je hurle à perdre l’âme
solitude inouïe 
et fracas de l’espace

Et je pleure la vie
et je pleure l’amour
je pleure sur moi-même

Un chaos intérieur
des vagues incessantes
un vertige indomptable 
et le corps fracturé
en éclats dispersés 
du fond de mon silence

Mourir pleurant d’amour
un impossible rêve
Je pleure des rocs d’émotions
trop longtemps calfeutrées
dans l’ombre du silence
et du lent souvenir

Et je pleure et je pleure
un amour idéal 
un partage essentiel 
un futur évident
là à notre portée
dans un bonheur tranquille

Je pleure ton sourire
et ton sexe si purs

Je pleure ton amour
qui se montrait déjà 
et m’a sitôt trahie

Je pleure le miracle
de nos transparences
je pleure le passé
je pleure l’avenir 
et je pleure et je pleure

O larmes inutiles
J’ai avorté un jour
d’un enfant impossible
et j’avorte aujourd’hui
d’un amour impossible

La douleur est la même
injuste
insupportable

L’amour peut-il survivre
irrigué transcendé
par cette douleur-même
Le soleil
pour quoi faire

La beauté
pour quoi faire

Écrire
pour quoi faire

Et vivre 
pour quoi faire
La douleur est vivante 
et la confiance est morte
l’une est ancrée en moi
vrillant mon corps si vain
et l’autre évaporée
me laissant sans espoir

Je sais on cicatrise 
et je sais on oublie

Sinon comment survivre
Le corps est inutile
et je suis là sans toi
attendant l’impossible
acceptant l’ineffable

Et tu es là sans moi
et c’est le tourbillon
du rêve et de l’oubli
Aimer
souffrir
aimer encor

Souffrir
aimer
souffrir toujours
aimer toujours

Aimer pour exister
et souffrir pour survivre
ou bien alors mourir 

Et pourtant
il faut vivre
La mer t’a emporté 
et la mer te rapporte
pauvre chaos blessé

Je panserai tes plaies
et je saurai t’aimer

Mais la vie s’est brisée
faut-il la reconstruire

Un amour naît ailleurs
mais l’Amour n’est pas mort
il trébuche il étouffe
mais grâce à la tendresse
il survivra sans doute
un peu blessé
d’autant plus fort
Je regarde tes yeux 
tu dis j’ai la peau douce
et j’ai mal et je ris
mais cela sonne faux
Juguler le silence
ou laisser fuir un mot
malvenu maladroit
si tendre et dérisoire
un mot de poésie
ou un mot de la vie

C’est dur d’être un silence
quand on voudrait pleurer
quand on voudrait sourire
quand on voudrait tout dire
Montre-moi la lumière 
où je suis engloutie
et que je ne peux voir

Aide moi à marcher
car mes yeux sont blessés
définitivement
Les braises sont en moi 
et il faut les éteindre
il faut les inonder
les transformer en cendres

Alors 
sans toi 
pouvoir renaître
La douleur se dilue 
la confiance apparaît
un peu décoiffée
un peu mal en point
lendemain de fête 

Ivre encore
d’avoir été bousculée sans m’y attendre
être désemparée et ne sachant quoi dire
alors ouvrir son coeur
accueillant les contradictions
les siennes 
celles de l’Autre
comme autant de pépites d’or
brillant soleil de vérité
Respirer doucement
la solitude est tendre 
au fond de cette nuit
apaisée et sereine

Ne pas réveiller la douleur
tapie en moi au plus profond
et laisser le sommeil
revenir 
s’il le veut

Juste laisser le temps
passer
et laisser la mémoire
oublier

Naviguer dans le temps
en recherche de soi

Naviguer dans son corps 
en recherche de l’Autre

Naviguer dans son âme
à la lueur du vrai

L’horizon se dilue
le ciel se décompose

Et mon rivage est mort

La douleur est diffuse
et presque supportable

Mon amour interdit
reste toujours présent
obsédant mes pensées
irriguant mes désirs

Foudroyé en plein vol
ses ailes sont brisées
mais son corps palpitant

Il ne peut plus voler
il peut encore marcher
et picorer la vie

Essayer d’exister
sans pleurer l’impossible

Je suis interrompue
toute évidence niée

Tu es interrompu
tout délire explosé

L’attente est installée

L’espoir peut-il survivre

Aimer sans respirer
penser qu’il est trop tard
ne pas prendre le temps
car le Temps est pressé
il vous avale et fuit

L’émotion est silence
il faut pourtant la dire

Attendre
sans rien vouloir
que cet accord des âmes
en oubliant mon corps

Aimer
sans rien vouloir
que la magie de l’être
avec sa liberté

Toi sans moi
moi sans toi

Toi et moi

Et vivre heureusement
sans chercher autre chose

Le corps s’est estompé
nous voguons vers l’ailleurs

Un vrai désir de l’Autre
au-delà de l’humain

Et c’est l’intemporel
et c’est le surréel
et c’est notre infini

Garder la trace du bonheur
plonger dans sa propre lumière
et pleurer sans rien dire

En attendant l’aurore

Des poussières de joie
m’avaient éclaboussée
je les croyais réelles
et ce n’était qu’un rêve

Au-delà du présent
elles restent ma lumière

Inutile pensée
et désarroi du corps
l’obsession et l’attente
mais l’espoir préservé
et la douceur du doute

Où sont les flamboyances
et les fleuves du corps
les frissons transcendés
et le cœur éclaté
le partage absolu
approche d’infini

Comment donner son rêve
exploser face à l’Autre 
alors qu’il n’est pas là

Le désir se résigne
et il fait triste mine

Crier son corps 
créer son cri
la solitude nue
l’amour à coeur perdu
et la main qui transcende

Caresse contrôlée
qui rend tout à coup libre
exploser et jaillir 
et encore et encore
tout est comme apaisé
la nostalgie s’installe 
et la nuit se dilue

Tu es d’abord ému
touché secoué remué
tout au fond de ton corps
tout au fond de ton âme

Puis tu comptes les pieds
tu apprécies les rythmes
tu poses des questions

Disséquer c’est détruire 
parfois sans le savoir
et sans l’avoir voulu

La magie n’est plus là
sans doute
elle reviendra
peut-être

Je suis là dans ce sac 
où je suis reléguée
des écrits des dessins 
des poèmes d’amour
attendant ton regard 
ou ta main bienveillante
suis-je donc un secret
suis-je donc interdite

Le papier fier et droit
me tient lieu de vertèbres

Un sourire de toi
et le monde bascule

Je suis nue sans mon corps
ta peau était si douce
et la mienne l’attend 
sans le vouloir
peut-être

La tendresse est intense 
et les mots responsables
et tes yeux et les miens
si clairs si transparents
se lisent à jamais 

Mes larmes sont séchées
la douleur est profonde
et je ne peux la dire
plus la force d’aimer
ni celle de souffrir

Si je pouvais haïr
je pourrais me revivre
et peut être
sans toi malgré toi
exister

S’aimer autrement
dans les sursauts du cœur

Créer autrement
des enfants immortels
au-delà des autres