Au fil de ma vie… X



PARIS - BERCY

Le piano dans la gare
a laissé échapper
quelques notes de vie
qui s'adressaient à toi

Ton oreille elle aussi
a souri à ma voix
cet instant de musique  
embarque mon voyage
De cendres et de braises
de douleur 
de passion,
de nostalgie
d'espoir
de solitude nue
j'ai reconstruit ma vie
à travers le temps noir
d'un futur improbable

Mon désir est flou
mais ta voix est en moi

J'attends ma main

La nuit se pose en moi
délicate et fragile
la tendresse est fluide
et l'amour tournoyant

La douleur est en moi
tapie dans le secret de ma mélancolie
c'est l'amie de l'amour
c'est l'amie de ma vie
elle peut me poignarder
je le sais
et j'attends

(le Paris-Brest sera historique)

La nuit a enrobé le temps
comme la crème
un gâteau interdit
d’autant plus fascinant
la vie fond sous la langue
la crème a disparu
ne pas être déçu
bien sûr c’était trop court
la mémoire s’envole

Chaleur du ventre sous la main
le tissu amical
a transmis le désir
attendre
attendre encore
oser se mettre nue
face à soi-même
et à la nuit
laisser glisser le pyjama
accéder à la grotte
où éclot le plaisir
caresser doucement
ce bout de soi si doux
toujours mystérieux
être étonnée
et attentive
à ce miracle retrouvé
du corps exultant

J’ai trente ans
je le sais j’en suis sûre
eh oui ce n’est pas vrai
pour vous peut être
mais pour moi oui !

Je ne peux pas
faire d’enfants
mais je n’ai jamais pu
alors pourquoi se plaindre ?

Mon corps est cahotique
et il souffre toujours
mais contre toute attente
il est toujours vivant

La jouissance est possible
un cadeau attendu
partagé solitaire
et l’amour si présent

Le temps n’existe pas
et l’amour peut survivre

Retrouver ton goût
et ta peau si fraîche
douceur
presque insupportable
pleurer de bonheur

C’est trop tard, oui, je sais

c’est trop tard pour danser
c’est trop tard pour rêver
c’est trop tard pour bâtir

car la vie est en miettes
elle est déjà « derrière »

c’est trop tard pour aimer

oui, je sais, c’est trop tard !

pas pour moi !

Aimer de loin
aimer gratuitement
aimer sans le dire
un bonheur malgré tout
la tête haute
et le cœur un peu lourd

C’est trop tôt
pour guérir
la douleur est trop douce

C’est trop tôt pour aimer
l’inconnu qui m’attend

C’est trop tôt pour mourir
il est déjà trop tard

Guérir, aimer, mourir
des spirales de vie
s’accrochent à mon cœur
guirlande de noël
qui clignote en quinconce
rythmes désaccordés
mais lumière commune

Est-ce trop tôt pour vivre ?

Arrêter la pensée
et arrêter les mots
qui surgissent sans cesse 

Mon espace est secret
il m’est si familier
et pourtant il m’échappe
au creux de cet amour
qui ne dit pas son nom

J’aurais besoin d’un guide
et d’une main tendue

La solitude est là
et la lumière est loin
tout au bout du chemin
qui m’emmène vers moi
peut être, si je peux
ou plutôt si je veux

Les stalactites de mon corps
aperçoivent souvent
les stalagmites de mon coeur
dans la grotte étonnée 
de mon cristal intime

Mais il faut tâtonner 
pour retrouver la Vie

Lointaine est la lumière

Un regard un sourire une main
je ne les aurai pas 

La musique un poème
ou le soleil couchant
sur la mer indécise
un café qui embaume
un chat que l’on caresse
il n’y faut pas penser 

C’est dur de mourir seul
c’est dur de le savoir
bien avant l’échéance
c’est dur de ne pouvoir
espérer l’impossible