« Extractions » II

Extractions 2015 – Photos Claude Lemmel / Poèmes Annie Jeanneret

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"L'Arbre-masque".

Mystère de ce masque
échappé dans les branches
ses yeux sont blancs
et son visage est noir

L’araignée a tissé
la toile de la vie

Les tiges de l’amour
quadrillent le ciel clair
fragiles 
séduisantes

Un labyrinthe est là
c’est celui du Futur

L’arbre s’est fait regard

Palétuviers

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Des ciseaux incertains
vont découper ma vie
j’attends cette brisure
avec indifférence

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Mon envol est brisé
mon regard pétrifié
le chemin est ailleurs

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Essayer de danser
avec et pour soi-même
alors que l’horizon
se dérobe au futur
ouvrir ses bras
pour rien
juste pour exister
cet instant dérisoire
a le goût de la vie
amer et magnifique
il en a l’innocence
et le parfum fané
qui laisse inconsolable

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J’ai ma toge de marbre
et ne peux plus marcher
dans mon propre avenir
car le sol est hostile 
et mon regard est vain

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Maroc

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Photo douceur

Danse immobile et douce
l'herbe se fait oiseau
dans l’espace apaisé
frissons du sol sableux
la tendresse est en nous 

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Le désert sous tes yeux
évident
frémissant
sa beauté te nourrit

Le désert dans mon corps
fugitif
angoissant
sa beauté m’allanguit

Je l’aime et je le hais
son calme me fascine
et j’entre avec mes larmes
dans le sol qui se tait
mais bientôt m’enfouira
ici là ou ailleurs

Je me laisse glisser
sur ces vagues de sables
ciselures exquises
mouvements immobiles

Un instant pour l’oubli
un instant pour l’espoir...


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Les cheveux du vent
sont accrochés à la terre
les ombres dansent

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Girouette ensablée
à l’ombre d’hippocampe
une infinie douceur
m’obligeant à sourire
semble insuffler ton nom
dans l’espace immobile

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Danse de l’attente
attente de la danse
tout prêts à nous courber
tout prêts à nous dresser
nous sommes
les aimants de nous-mêmes

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Quelques plumes de caresses
ont allumé ma nuit

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Presque engloutie dans le sable
nichée au creux de l’impossible
mon enfance survit
mais le sapin se meurt

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Un papillon noir 
s’est posé sur la pierre brisée 
de l’amour chaotique

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Étoile des mers échouée au désert
mes bras se multiplient en se désagrégeant
et je perds ma substance
en oubliant mon nom

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Fragilité de la nature
fragilité de la lumière
l’ombre a pris le pouvoir
car mes bras sont trop courts
et mon désir enfoui

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L'élégance est un ressort
ou plutôt une épée qu'on porte à son côté
quand la lumière apparaît
et qu'on maintient avec panache
quand les ombres s'installent
et quand le temps semble se figer

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Serais-je l’ombre du bébé
que je n’ai jamais été
mes bourgeons sont réapparus
picotant l’espace si calme
le soleil m’a inondée
ouvrant alors tous les possibles

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Sur le sol amical
petites traces des oiseaux
petites traces de soupirs
empreintes de la vie qui coule
au fil de nos jours incertains
l’amour est sautillant
et la lumière est douce

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Trois cygnes dessinent le sable
ils soupirent d’amour
en nageant sur leur ombre
juste avant de mourir 
d’un bonheur impossible

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Ma vie est un serpent 
qui rampe sur le temps				
pas de pieds pour marcher 
pas d’ailes pour voler					
mais ma langue est agile 
et ma queue si pointue				
je peux happer l’amour
je peux piquer l’espace				
et défier ce temps 
qui veut m’anéantir

Ils m’ont tué 
ils ont tous peur 
la tête en sang
corps immobile 
je survivrai 
car rien ne peut m’atteindre				
je suis leur interrogation
je suis l’amour

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La lumière arrondit les fragments éclatés
de nos vagues attentes
où les sillons des rêves s’infiltrent doucement
les axes de la vie respirent en silence

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La boucle de la vie
la boucle de l’espace
et la boucle du temps
font tournoyer le corps
et exulter le cœur

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Les pages de ma vie 
sont des cases fantasques
où les tessons de l’âme
ont envahi le temps
qui recule et qui tangue
au fil des souvenirs
les voiles du bonheur
se gonflent par instants
redessinant les ombres
et les douleurs passées

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Quels sont tous ces chemins 
qui ont brisé ma vie tout en la construisant?
 
Sur le sable si doux rampent vers le néant
les sillons inconscients du temps impitoyable
aux empreintes ailées, délicates et douces :
toutes petites traces de désirs assouvis
et du cœur palpitant à travers les tempêtes
 
Pour dire l’amour inéluctable

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Il est un nuage
en chacun de nous
qui semble s’arrêter
dans le souffle du temps
les contours sont si flous
mais la lumière est douce