Au fil de ma vie… III


La fraîcheur d’un sourire
a fait lever le jour, 
mes yeux émerveillés
vont s’ouvrir à la vie, 
l’automne est arrivé :
la lumière infinie
poudroie
dans le silence...
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Un amour effleuré
au fond d’un chemin creux
Un amour dérouté
près de sa chrysalide
Un amour suspendu
sur des mots vacillants
Un amour révolté
qui ne dit pas son nom, 
un amour aveuglant
qui ne veut pas mourir :
si difficile 
à dire, 
si difficile 
à vivre !

Laisse-moi approcher
tes incertains rivages :
je viendrai doucement, 
tu pourras me sourire
et m’aimer de très loin, 
imperceptiblement

Laisse-moi me blottir 
à ta tendre lumière :
je saurai patiemment
deviner ton angoisse
en prononçant ton nom, 
sans hâte et sans désir. 

Ton sourire est le mien, 
ton angoisse est la mienne
et l’attente absorbée
dans le temps suspendu... 

Un sourire entrecroisé,
les yeux trop lourds
pour supporter
la saillie de mes propres tempêtes, 
les mains douces et attendantes, 
si proches et si froides, 
le corps tremblant :

Tu es là, 
empli de crainte et d’espoir, 
surnageant 
de tes soupirs immobiles. 

Nous étouffons de notre évidence, 
tout bascule, 
vertige indéchiffrable !

L’ombre des arbres dans la nuit, 
les cahots du chemin
meurtri par le Temps
apaiseront les larmes 
intérieures :

Nous sommes l’Impossible réalisé
mais nous ne le savons pas encor. 

Tu fais sonner mon coeur
comme une cathédrale, 

Tu fais battre mon sang
comme un vol de corbeaux,

Tu fais jaillir ma vie
comme une source libre !

En frissons durs et noirs, 
plus tremblant que le vent, 
l’Impossible frémit
tel une herbe trop frêle
où le soleil se croche
et semble se noyer, 

et tes yeux palpitants, 
tes yeux verts, 
tes yeux d’or... 
qui ruissellent
vers moi
et viennent s’amarrer
à mes rythmes secrets !

Le soleil joue dans tes yeux, 
tu te livres
à mes bras, 
à ton corps, 
à la Terre, 
La plaine ensommeillée
s’étire
et se déploie
en Nous :

tu offres cet appel
délirant, 
impudique et secret, 
à mon visage 
ivre d’Espace
et de Lumière. 

Et nos mots sont inscrits 
aux rythmes des nuages :
ils sont les oiseaux du Silence !
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Tu gambades à travers ma vie, 
léger et insouciant, 
grave et désespéré, 

Tu t’arrimes
à mes profondeurs
et t’accroches démesurément
à ces palpitations
communes, 
agrippées de nos rires
et fêlées de nos larmes, 

Tu afflues 
vers moi
en tremblant :

Je sais ta vérité, 
si terrible 
et si douce : 

Nous marchons vers ta rive
hier encor
inaccessible !

Que ton visage est doux 
lorsque tu me souris, 

Que tes lèvres sont belles
aux lumières de mes jours, 

Que ton coeur se fait lourd
à travers mes dérives !

Mais tes yeux me délivrent
du mal de la mémoire, 
et tes mains me dessinent
aux contours de la mort...

Tu jaillis de la Lumière
dans ces arbres
qui se souviennent encor
de tes pas doux et incisifs

Tu emplis l’Espace, 

et le tournoiement 
de ton esprit si proche
emporte sur son passage
d’indéfinissables brises... 

Les légères secousses
du Temps réinventé
m’apportent doucement
ton image :
lumière saupoudrée
du sable vibrant
de la pensée qui doute, 
pénétrante moiteur, 
fragile certitude, 
éclatante nécessité
qui s’infiltre 
sous mes angoisses
et désarme ma solitude... 

Ton image, 
qui vient déraciner ma vie, 
ton image, 
brume éveillée, 
ton image, 
qui a quitté mes yeux
pour te réhabiter !

Ton sourire
est venu
caresser mes rêves, 
accoster à ma vie, 
fragile, 
comme elle. 

Tes yeux
ont entouré
comme un tendre rempart, 
mon corps
devenu timide, 
comme eux... 
Mais ton sourire me brûle
et tes yeux me déchirent :

Trouer le Silence, 
accoster à ta vie, 
défier tous les possibles ?

Mon corps éclate
de ton dévorant visage

Tes yeux
démesurément
m’arrachent
à l’Espace Intérieur
écartelé, 

m’emportant
vers ce Toi
que tu ignores encor !

Tes cheveux à ma joue,
tes lèvres sur mon cou :
tu es si chaud, si tendre... 

Tes baisers balbutient
puis se posent
et foudroient...

La pluie de l’Attente
perle dans mon corps
devenu si patient, 
pour Toi !

Une larme de vie
se suspend
aux moments inaltérables,

Interstices brillants 
du sommeil saccadé

Fulgurant visage
au sourire 
à jamais prolongé
et pourtant
intouchable
à la conscience
de mes nuits décapitées :

Présence incertaine
et brutale, 
Tu es
l’écume
de ma vague !

Le désir doux et lent
a vaincu
ma raison

L’impalpable parfum
fait frissonner 
l’Espace, 

Une lame 
envahit mon corps
rivé au tien

et tu te fonds 
en moi... 

Nos soupirs sont muets
et nos cris 
retenus :

soleils éblouis
du corps 
transfiguré !

Tu as cherché ma main, 
je t’ai donné ma bouche :

Enchevêtrés, 
inaltérablement 
cloués
l’un à l’autre
en vagues 
délicates 
et brûlantes :

Danse
lente
des visages, 
palpitation
de nos corps 
découverts, 
irrésistible appel
qui déferle
en paillettes d’écume... 

j’ai bu Ta Vie !

Ambroisie de mes désirs, 
levain de l’Inexprimable, 

Cariatides 
de l’Etrange, 
votre blancheur
perle
à la lisière de ma vie !

Les fleurs éclatent 
sur mon passage, 
les poussières de parfum, 
dans le velours des plantes, 
voilent ton corps
imperceptiblement, 

Ton âme se joue
du cristal de l’air, 
à peine je respire, 
à peine si je vis :
Tu es là !

Tu t’envoles 
dans un soupir,
tu disparais 
dans un regard.

Une éclipse de tes doigts
fait rejaillir 
le Temps,
Les volutes de tes mots
font frissonner ma Vie
Ta main si douce
à ma joue solitaire
Ton corps si chaud
contre mon coeur blessé
et tes lèvres si tendres
à mon souffle timide :
brûlant et pur, 
si grave
et si fou, 
tu me recrées
en Toi !

Musique de nos nuits, 
matins ensommeillés... 

Sourire émerveillé
de notre découverte, 
au Temps désagrégé, 
à la vie décuplée, 

Tout s’arrête
et tout commence !

Enfant de ton Silence
et de ma Solitude, 

Enfant de nos vies déchirées, 

Enfant de notre vérité, 

tes larmes, 
tes sourires, 
tes désespoirs muets, 
la force vive de tes jours

nous invitent à l’autel
de l’Amour Retrouvé. 

Mon coeur, 
comme un rocher, 
se cogne à ton visage, 
ma pensée, 
comme une lame, 
se jette dans tes yeux, 
le reflux, 
gorgé de toi, 
m’envahit tout entière :

tout se dilue 
et tout éclate, 
l’Infini est en Soi, 
à travers et par l’Autre !

Un amour s’est éteint :
suffocation 
du printemps
qui meurt
de trop de lumière

La chaleur de la Vérité
brûle les liens 
les plus doux
et fait surgir
les forêts tropicales
de nos désirs inassouvis :
étouffants feuillages
de nos diamants intérieurs
déchirés
par les plaies
des corps 
toujours plus vains... 

Car l’hiver et la nuit
vont glacer
nos sortilèges !
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Je me déplie de toi, 
je m’arrache à ton Être
et force le Silence
à devenir 
ton vide

Il faut cacher ses larmes
aux autres
et à soi-même

Il faut tuer l’Image
et se déposséder
puisque sans le savoir
contre ton désir même, 
tu as brûlé
ma Vérité !

Les blessures cicatrisent
au fond du lycée gris, 

les cendres et les larmes
reculent pas à pas, 

et le rêve aboli
du silence invisible

apaise les chaos
du coeur défenestré...