Tu caches ton bonheur
je cache ma douleur
mais tu es transparent
et je suis transparente
Et la lumière est là
si complice entre nous
Silences des sourires
et soupirs des regards
Etre là
le savoir
ne rien vouloir de plus
Notre absence est présence !
Mon cri
fait ressurgir le temps
et m’écorche
au-delà de l’humain
du possible
Douleur insupportable
et pourtant supportée
Le temps s’effile lentement
arrimer la confiance
et savoir la tendresse
et panser ma blessure
Un miracle est en moi
Tout à coup
tout est simple
et je sais
Il me faut désormais
si nous voulons survivre
oublier ta douceur
la chaleur de ton corps
ton désir si violent
ces moments d’infini
vertigineux abîmes
où tu m’as entraînée
Bonheurs si fugitifs
rêve réalisé
Ton regard ton sourire
sauront-ils me suffire
en attendant l’attente
Cicatrices du corps
cicatrices du coeur
La vie est cicatrice
Il en est de visibles
il en est de secrètes
Il faut les accepter
car elles nous construisent
Avec un sein en moins
on peut vivre quand même
et un enfant en moins
on peut vivre quand même
et un amour en moins
on peut vivre quand même
Car le sein est en nous
avec nos souvenirs
et l’enfant est en nous
avec notre tendresse
Et l’amour est en nous
avec tous ses possibles
Le miracle est là
il s’impose aussitôt
et il faut l’accepter
il ballotte encore plus
le corps le cœur et l’âme
déjà éperdus
Rejaillir en soi
renaître à l’inconnu
s’ouvrir et tout donner
sans vouloir le bonheur
Alors tout est lumière
Absente de mon corps
absente de mon coeur
je flotte dans l’espace
Et pourtant je suis là
tu m’habites toujours
C’est un bonheur étrange
un tapis d’herbes lisses
où la lumière joue
Mystère de la nuit
qui m’apporte tes yeux
mystère de tes yeux
qui habitent ma vie
Si interrogatifs
et toujours en éveil
Innocence gourmande
et distance du sage
lumière de l’enfance
innocente ferveur
lucidité cinglante
insolente douceur
Ils suspendent le temps
et nous obligent à vivre
Si pures et si douces
les courbes du Morvan
mélodies singulières
se posent sur ma vie
définitivement
Un paysage heureux
et l’amour qui s’y glisse
À travers les brouillards
que sont mes devenirs
Insolent printemps
insolent soleil
insolente beauté
et vibrante arrogance
La nature est aveugle
aux brisures du cœur
et la mélancolie
éclipse la lumière
Mon amour s’assagit
il ne s’étiole pas
il ne se tarit pas
La source est toujours vive
et le désir intact
Il porte haut le front
il attend sans attendre
Il se sait pur et vrai
il se sait respecté
Il veut être discret
au cœur du souvenir
Si la lumière était la vie
alors l’ombre serait la mort
mais ce serait trop simple
Si tu étais facile à dire
je n’aurais pas peur de mes mots
mais ce serait trop simple
Pourquoi vouloir
que tout soit simple
Je danse dans ma vie
comme un soleil trop pur
comme un faune absorbé
dans les lueurs du temps
comme une algue rêvée
comme un nuage obscur
Et je pars vers ma vie
et je pars vers ma mort
ailleurs toujours ailleurs
Un œil crevé se lève dans mon ventre
les amours mortes
et les chevaux meurtris
ont l’arrogance et la fierté
du vent
Oublions l’infini
pour entrer dans la terre
Chaque moment qui coule
est un pas vers la mort
il faut donc le happer
intensément le vivre
aimer éperdument
au-delà du possible
et donner tout de soi
sans rien espérer d’autre
Mais faut-il vraiment vivre
puisqu’il faudra mourir
Alors choisir son jour
pouvoir être enfin libre
Eclatements du corps
et désespoirs du cœur
les traces du bonheur
celles de la douleur
sont en nous à jamais
Pétris de cicatrices
embrasés par nos feux
riches de nos lumières
Il faut voguer la vie
ou décider sa mort
Vertige de l’oreille
vertige du regard
et vertiges de l’âme
Un artiste est vertige
Dépasser cette lame à tant d’autres fatale
braver toutes ces vagues
enroulées d’impossible
Amerrir à la plage
où le sable est si doux que j’en perds le désir
Et préparer ma mort doucement simplement
pour la voir se débattre et refuser ma vie
dans son offrande ultime
Te revoir en amant juste quelques secondes
Saisir l’éternité
pour trouver la douceur de l’enfant éclairé
Vertige du sommeil où je voudrais plonger
vertige de la vie où je voudrais m’enfouir
quitte à mourir sans doute
Un mourir tendre et doux que tu peux refuser
mais aussi baliser de tes fantaisies rauques
un mourir poétique et du coup improbable
un mourir de bonbon
pour s’y casser les dents
Et rire ensemble à cette blague